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2006 création du HUB (VIADEO) *21ème Siècle-'ECOLOGIE & INNOVATION': DEVELOPPEMENT DURABLE DU XXIe siècle!2.0* Think Tank International : + de 3000 membres. *Morgane BRAVO Avocat de formation, études & expérience Diplomatique, Sciences Politiques... « Euroblogeur »...2002 en France : Candidate (titulaire) aux élections Législatives, dans la 14ème Circonscription de Paris. 16e arrondissement (Sud). Fondatrice *Morgane BRAVO, from Paris, France. She's graduate Lawyer and have a Master’s degree in Diplomacy & Political Science...Diplomatic experience.

dimanche 21 mars 2010

*Après l'échec de Copenhague, l'Europe perd...*

***Après l'échec de Copenhague, l'Europe perd la bataille du thon rouge :

Après l'échec du sommet de Copenhague sur la lutte contre le réchauffement climatique, en décembre 2009, la diplomatie européenne et son action en faveur de la protection de l'environnement ont subi un nouveau revers, jeudi 18 mars, à Doha, au Qatar, sur le dossier du thon rouge.

La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites) a rejeté à une large majorité de pays (72 votes contre, 43 favorables et 14 abstentions) la proposition de l'Union européenne d'interdiction du commerce international de cette espèce emblématique de la surexploitation des ressources marines. Et ce, alors que les Européens proposaient une entrée en vigueur différée d'un an.

Quant à la proposition de Monaco, qui visait une suspension immédiate du commerce, elle a recueilli 68 votes contre, 20 favorables et 30 abstentions.

Ces scrutins ont pris de court les participants. L'Union européenne (UE) espérait obtenir la création d'un groupe de travail, afin d'arriver à un compromis avec Monaco, et de convaincre les autres pays avant la fin de la conférence, jeudi 25 mars. Cette stratégie a été mise en échec par le Japon, qui importe 80 % des stocks de thon rouge, et les pays pêcheurs du sud de la Méditerranée. C'est la Libye qui a provoqué le torpillage des propositions européennes et monégasques, en demandant un vote sans attendre. Elle a été assistée par l'Islande, pays traditionnellement hostile aux mesures de contrôle de la pêche, qui a demandé un scrutin à bulletins secrets.

Des raisons de forme et de fond expliquent ce camouflet. Sur la forme, l'UE et Monaco n'ont pas assez préparé leur offensive. "Ils se sont fait avoir comme des débutants, en méconnaissant les astuces de procédure, affirme Charlotte Nithart, de l'association écologiste Robin des Bois. S'ils avaient fait leur demande d'ajournement avant celle de la Libye, ils l'auraient obtenue."

L'Europe, divisée, a mis de longs mois à aboutir à une position commune, rendue publique trois jours seulement avant le début de la conférence. "Il nous faut du temps pour nous mettre d'accord, reconnaît-on dans l'entourage du ministre français de l'écologie Jean-Louis Borloo, qui a bataillé pour que la France soutienne la protection du thon rouge. Pendant que nous discutons, les autres sont à l'action."

Les Japonais ont déployé avant et pendant la conférence un lobbying effréné et efficace. Certains étaient déjà convaincus. Concernant la Lybie, à l'origine du vote, "sa position est franchement suspecte, relève Alain Fonteneau, spécialiste du thon à l'Institut de recherche pour le développement (IRD). Ce sont les plus magouilleurs, ils ont beaucoup de bateaux illégaux". Le Japon dispose d'un réseau important d'alliés, soit en raison d'accords de pêche (les stocks de thon obèse (Thunnus obesus) sénégalais sont par exemple exploités par des navires japonais), soit parce que Tokyo verse des aides au développement aux pays pratiquant la pêche.

"MARCHÉ SPÉCULATIF"

Mais cela n'explique pas totalement l'ampleur de l'opposition à l'interdiction de la pêche au thon. De nombreux pays en développement ont été sensibles à l'argument majeur des Japonais, pour qui la Cites doit se borner à protéger des espèces emblématiques (éléphants, crocodiles, grands singes, etc.), sans se mêler de gérer les ressources marines, exploitées commercialement à une tout autre échelle. Les grands pays pêcheurs préfèrent voir les organisations régionales de pêche, où ils sont décisionnaires, garder la main. Or, c'est précisément l'échec de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique nord (Iccat), déconsidérée pour son laxisme, qui a poussé certains Etats à se tourner vers la Cites, mais en vain. La crainte de mettre le doigt dans un engrenage qui verrait cette dernière réglementer le commerce d'autres espèces marines l'a emporté - d'autant que les trois quarts des stocks de poissons sont exploités au maximum, ou surexploités.

Comme à Copenhague, l'opposition entre Nord et Sud a joué à plein. Face aux "protecteurs" du thon rouge - UE, Monaco, Etats-Unis - se sont dressés l'Indonésie, la Tunisie, les Emirats arabes unis, le Venezuela, le Chili, la Corée, le Sénégal, la Turquie, le Maroc, la Namibie... (mais aussi le Canada). "Plusieurs intervenants ont argué que si les pays riches pouvaient indemniser leurs pêcheurs et se payer des plans de sortie de flotte, cela n'est pas le cas des pays en voie de développement", explique Robin des Bois. "Les écologistes nous reprochent souvent d'être trop timides, mais nous sommes les plus avancés au monde, plaide-t-on au cabinet de M. Borloo. Notre vision n'est pas partagée. Il faut faire bouger les lignes progressivement."

La décision a douché les espoirs des écologistes, qui ont dénoncé un vote "scandaleux". Les commissaires européens à l'environnement, Janez Potocnik, et à la pêche, Maria Damanaki, se sont déclarés "déçus". "L'UE reste déterminée à préserver le thon rouge et attend de l'Iccat qu'elle prenne ses responsabilités", ont-ils ajouté. Quant à la France, elle va tenter de proposer une inscription de l'espèce à l'annexe II, moins contraignante, mais les chances semblent pour l'heure très minces.

L'Iccat est-elle désormais capable de gérer l'espèce de façon durable ? Patrick Van Klaveren, le chef de la délégation monégasque à Doha, en doute. "La capacité de reproduction du stock est passée de 200 000 tonnes à 60 000 en moins de vingt ans, que la taille des thons a été divisée de moitié (...) et que la pêche illicite a été multipliée par trois" depuis que l'Iccat gère l'espèce, a-t-il affirmé, rappelant que le thon rouge "n'est pas pêché pour satisfaire les besoins alimentaires des populations mais pour alimenter un marché hautement spéculatif". Reste à savoir quel sera l'impact des votes de Doha lors de la prochaine réunion de l'Iccat, en novembre. L'épisode maintiendra-t-il l'organisation sous pression, ou le succès des plus laxistes leur laissera-t-il les coudées franches ?

Gaëlle Dupont
LE MONDE
20.03.10

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